Allez, cela faisait un moment que je n'avais pas fouillé dans les pépites des vidéos TED pour dénicher un orateur motivant et inspirant.

Je te présente aujourd'hui une intervention de Dan Gilbert, professeur de psychologie à l'Université de Harvard (son prénom complet est Daniel, mais toute ressemblance avec une animatrice de la télévision française n'est que pur hasard).

Il s'intéresse en particulier aux mécanismes qui nous poussent à être heureux, sujet que j'ai déjà abordé ici et , mais tu vas voir qu'il a quelques révélations étonnantes à nous faire.

En plus c'est plutôt drôle, ne te prive donc pas du bonheur de visionner cette vidéo. Si tu manques de temps, tu trouveras comme d'habitude un résumé (avec mes commentaires) en dessous.

Pourquoi la nature tenait-elle tant à nous pourvoir d’un gros cerveau?

"(...) Si notre cerveau a pris tant d’ampleur c'est surtout parce qu'il a acquis une nouvelle « pièce », le lobe frontal et plus particulièrement une région appelée le cortex préfrontal. (...) Or il s'avère que le cortex préfontal accomplit un tas de choses, mais l'une des plus importantes est la simulation d’expériences. (...) L’être humain possède cette merveilleuse adaptation qui lui permet de simuler mentalement ce qu’il projette faire dans la vie réelle. C'est une prouesse qu'aucun de nos ancêtres ne pouvait accomplir et qu'aucun autre animal ne fait aussi bien que nous. C'est une adaptation extraordinaire."

Dan Gilbert illustre son propos en racontant une expérience assez édifiante, ayant consisté à mesurer le "niveau de bonheur" de deux groupes de personnes ayant rencontré un grand bouleversement dans leur vie : un groupe de personnes accidentées, désormais paraplégiques, et un groupe de gagnants du loto. Et contrairement à ce que l'on pourrait penser naturellement, le niveau de bonheur de ces personnes est sensiblement identique un an après l'événement qui a bouleversé leur vie.

"Les recherches effectuées par mon laboratoire et par les économistes et les psychologues du pays dévoilent quelque chose d’assez étonnant. Il s’agit du biais de l'impact, c'est à dire, la tendance à disjoncter du simulateur qui tend à nous faire croire que la différence entre les résultats est plus significative qu’elle ne l’est en réalité. Les enquêtes sur le terrain et en laboratoire démontrent que le fait de gagner ou perdre une élection, conquérir ou perdre un amoureux, obtenir une promotion ou non, réussir ou échouer un examen à l'université etc., a moins d'impact, est moins intense et plus éphémère que les gens ne s’y attendent. Une étude récente et très étonnante concernant l’impact de graves traumatismes de vie suggère que ce nous avons vécu il y a plus de trois mois, à peu d’ exceptions près, n’a aucun impact sur notre bonheur.

J'avoue avoir un peu de mal à croire entièrement à ces exemples extrêmes, mais je suis plutôt d'accord sur l'exagération mentale que nous pratiquons inconsciemment, alors que nous sommes généralement toujours capables de réagir et de nous adapter à une nouvelle situation.

Le bonheur peut être fabriqué

"Sir Thomas Brown écrivait en 1642, «Je suis l'homme le plus heureux du monde. J'ai en moi ce qui peut transformer la pauvreté en richesse, l'adversité en prospérité. Je suis encore plus invulnérable qu'Achille; je suis à l’abri du destin. » (...) Les êtres humains sont dotés de ce qu'on pourrait appeler un système immunitaire psychologique. Un système de processus cognitifs essentiellement inconscients qui nous permet d’altérer notre vision du monde de sorte à nous réconforter face aux situations que nous vivons. Nous fabriquons le bonheur mais croyons que le bonheur est quelque chose que l’on trouve. Nous connaissons tous des gens qui fabriquent leur bonheur. (...)

Sceptiques, nous croyons que le bonheur fabriqué n'est pas de la même qualité que le bonheur dit «naturel» . Que signifient ces termes? Quand nous obtenons ce que nous voulons, on parle de bonheur naturel, sans quoi on parle de bonheur fabriqué. Et dans notre société, nous croyons fortement que le bonheur fabriqué est de moindre qualité. D’où vient cette croyance? C'est très simple. Quel type de moteur économique arriverait à tourner si nous croyions qu’avec ou sans ce que l’on veut nous serions également heureux ?

Il cite ensuite une expérience illustrant "le paradigme du libre choix". Elle consiste à demander à des groupes d'individus de classer 6 oeuvres par ordre de préférence. Puis de leur apprendre qu'une reproduction d'une des oeuvres leur sera offerte, soit la 3ème, soit la 4ème de leur classement. 15 jours plus tard, on leur demande de refaire le classement de leur préférence  : l'oeuvre dont ils possèdent une reproduction sera mieux classée que la première fois.

"Les graphiques des psychologues illustrent la réaction type des individus. Pourtant, nous avons tous ce système immunitaire psychologique, cette faculté de fabriquer le bonheur, mais certains d'entre nous le faisons mieux que d'autres. Aussi, certaines situations s'y prêtent mieux que d'autres. Il s'avère que la liberté --l’aptitude à se faire une opinion et de changer d'avis— est l'alliée naturelle du bonheur, puisqu’elle nous permet de choisir l’avenir qui nous convient le mieux. Mais la liberté de choisir est l'ennemi du bonheur fabriqué.

"Le système immunitaire psychologique fonctionne mieux quand nous sommes complètement coincés. C'est la différence entre une sortie et être marié, non? Si vous sortez avec un homme et qu'il se cure le nez; vous ne le reverrez plus. Mais si vous êtes marié à quelqu’un qui se cure le nez, on se dit qu’il a un coeur en or et on laisse passer le reste. Non? (rire) On trouve toujours le moyen d’être heureux."

Cet exemple des petits défauts que l'on trouve insupportable chez des inconnus mais qu'on accepte chez ses proches est particulièrement bien vu. cheeky

Il cite ensuite une autre expérience où l'on demande à deux groupes de personnes de faire un choix. Pour un groupe le choix est irréversible une fois décidé, et on s'aperçoit qu'ils aiment ce qu'ils ont choisi. L'autre groupe a un en revanche un délai pour revenir sur sa décision : ils hésitent , tergiversent, et finalement ne sont pas aussi heureux de leur choix.

"La condition réversible n’est pas propice à la fabrication du bonheur."

Et pourtant, si l'on nous donne le choix d'aller vers un groupe où nous pourrons changer d'idée, ou un autre plus contraignant, nous choisirons en grande majorité le premier groupe. Car nous ignorons "les conditions indispensables à la fabrication du bonheur".

Rien n’est en soi bon ni mauvais ; tout dépend de ce qu’on en pense

"Shakespeare l'a bien dit et il confirme ma position de manière emphatique: « Rien n’est en soi bon ni mauvais; tout dépend de ce qu’on en pense. » Jolie poésie, mais est-ce tout à fait vrai? N'y a-t-il vraiment rien de bien ou de mal? Une ablation de la vésicule équivaut-elle vraiment à un voyage à Paris? Bien sûr que non. La question peut-elle même se poser?

En prose plus pompeuse, mais plus près de la vérité, Adam Smith, le père du capitalisme moderne, disait ceci et cela mérite qu'on s'y arrête: « La source ultime du malheur et des problèmes de la vie humaine semble se trouver dans la surestimation de la différence entre une situation permanente et une autre. Certaines situations sont sans aucun doute préférables à d'autres, mais aucune d’elles n’est digne d'être convoitée avec cette avide ferveur qui nous mène à enfreindre les conventions de la prudence ou de la justice, ou à corrompre notre quiétude d'esprit par honte face à nos sottises du passé, ou par remords face à l'horreur de notre propre injustice. » En d'autres mots: oui, certaines choses valent mieux que d'autres.

Il est normal d’avoir des préférences pour un type d’avenir plutôt qu'un autre. Mais lorsque ces préférences nous tiraillent trop fort et trop vite et que nous surestimons la différence du résultat de nos choix, nous sommes en danger. Lorsque notre ambition est maîtrisée, elle nous mène à la joie. Lorsque notre ambition est débridée, elle nous pousse à mentir, tricher, voler, blesser les autres et à sacrifier ce qui importe vraiment. Quand nos craintes sont contenues, nous sommes prudents, circonspects, attentionnés. Quand nos peurs sont débridées et amplifiées, nous sommes irréfléchis et lâches.

La leçon que j’aimerais que vous tiriez de ces données est que nos désirs et nos inquiétudes sont souvent démesurés car nous possédons la faculté de fabriquer précisément le bonheur que nous recherchons."

As-tu encore une bonne raison de ne pas être heureux ?


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Commentaires

Il veut dire quoi par nos ancêtres ?? Eux ils ne procédaient pas de cerveau ?? Je trouve que c'est débile, si l'homme est parvenu à ce qu'il est maintenant c'est grâce aux "ancêtres", il y a une évolution du cerveau humain c'est sure mais surtout pas sur le côté physique et structure, ça serait débile de penser ça parce qu’on risque d’avoir des têtes grosses comme des pastèques dans l’avenir et ça serait moche vraiment.