Nous utilisons tous un tas de services web qui nous rendent la vie plus facile en décuplant les possibilités gigantesques d'Internet. Difficile de s'en passer, et pourtant, il est nécessaire de garder suffisamment de recul et d'esprit critique pour percevoir leurs limites, et leurs dangers.

Le plus visible d'entre eux, celui qui fait scandale depuis de longs mois est bien entendu le sujet épineux du respect de nos vies privées et de la confidentialité de nos données.

Je crois qu'après les récentes affaires, et toutes celles qui nous attendent encore, les internautes deviennent de plus en plus méfiants vis-à-vis des gigantesques multinationales qui nous proposent des services gratuits en échange de nos données.

Je ne souhaite pour ma part pas sombrer dans un discours alarmiste, qui je pense a plutôt comme conséquence une réaction de rejet de la part de la plupart de mes congénères.

D'ailleurs, je continue moi-même à rechercher le pragmatisme avant tout : utiliser les outils les plus efficaces, ceux qui correspondent au mieux à mes besoins, en gardant en tête que la confidentialité de mes données est un besoin que je ne peux pas négliger.

Je ne te conseillerais donc pas de passer à tout prix sur une solution libre si elle ne correspond pas vraiment à tes besoins.

Mais il faut juste garder en tête que tu as le choix.

Framasoft, un réseau dédié à la promotion du libre

Framasoft

Commençons par le début : je pense que bon nombre des lecteurs passant par ici connaissent Framasoft, mais ce n'est peut-être pas le cas de tous.

Et puis je voulais au moins prendre le temps de parler un peu des nombreux projets qui tournent autour de cette belle structure.

Framasoft est une association à but non lucratif créée en 2001 qui vise à promouvoir, diffuser et développer les logiciels libres.

Elle compte 3 salariés permanents, une vingtaine de membres actifs, et une centaine de volontaires bénévoles. Car il y a du pain sur la planche, et la liste des productions de l'association est pour le moins impressionnante :

- côté logiciels libres : un annuaire pour les recenser, une clé USB ou un DVD pour les diffuser, et même une plateforme de téléchargement (en panne en ce moment)

- pour diffuser la bonne parole : un blog (à suivre !), une maison d'édition, un service de traduction pour profiter de toutes les choses intéressantes qui se disent et s'écrivent dans d'autres langues, des vidéos, et même de la musique libre.

- côté services... il y a beaucoup à dire, j'y consacre le paragraphe suivant.

- mais aussi : un laboratoire pour tester des projets, un forum pour échanger, une plateforme de développement, et une boutique.

Je pense que ce n'est pas exhaustif, mais tu dois y voir un peu plus clair.

Framasoft vit principalement grâce aux dons, ça se passe par ici. L'association étant reconnue d'intérêt général, tu peux bénéficier d'une déduction d'impôt de 66% du montant versé.

Une grande opération pour promouvoir les alternatives libres

Framasoft dégooglisons Internet

Si je te parle de Framasoft aujourd'hui, c'est parce qu'elle a lancé mardi une chouette opération. Cela faisait quelques temps que la rumeur d'une grosse annonce circulait, et voilà, c'est tout chaud sur ton écran.

Le portail "Dégooglisons Internet" a pour but d'expliquer les dangers des services centralisés et fermés, et de présenter les alternatives libres qui s'offrent à nous.

Le petit site à l'humeur gauloise et plutôt joviale de Framasoft présente donc sur une carte une liste de services "centralisateurs", et pour chacun d'entre eux des alternatives : soit des services en lignes (facile), soit des logiciels à installer soi-même sur un serveur (plus complexe pour le commun des mortels), soit des services créés par l'équipe de Framasoft.

Quelques exemples :

- Google Docs => Etherpad à installer, ou Framapad.

- Doodle => Framadate

- Blogger => Wordpress.com, et tous les CMS open-source à installer

- Evernote => Laverna

- ...

Bien entendu, tu imagines bien que ces alternatives ne satisferont pas forcément tous tes besoins, que tu n'y retrouveras pas forcément toutes les fonctionnalités, ni la simplicité d'utilisation des services que tu utilises habituellement. Mais rien ne dit non plus que tu n'en seras pas content. Alors sois curieux, et intéresse toi à ces solutions un peu différentes, en gardant en tête leur énorme avantage : elles sont libres, et ne centralisent pas toutes tes données sur les serveurs d'une entreprise mercantile basée au  États-Unis.

Je pourrais faire un point sur certains de ces outils si cela t'intéresse.

Pour faire quelques critiques constructives, il manque pour le moment à mon sens quelques services majeurs, comme les messageries électroniques telles que Gmail, alors que c'est le genre d'outil qui rassemble énormément de données personnelles. Et je vois aussi que certaines des solutions proposées nous renvoient sur un site au design digne des années 90, ce qui n'est pas très engageant. Cela ne devrait pas être le plus important, mais malgré ça l'apparence compte, y compris sur le web.

Et pour faire le rabat-joie, je mettrai un bémol personnel sur le nom retenu pour cette campagne, et cela pour deux raisons :

- il place le curseur sur une entreprise en particulier qui, même si l'on connaît son omniprésence et sa puissance dans le monde du web, n'est pas toute seule dans la danse (et n'est peut-être pas la pire).

- cela présente l'esprit du libre comme un esprit de combat, ce qui a mon humble avis n'est pas très stratégique du point de vue de la communication.

Faisons différent. Proposons une alternative. Proposons mieux.

Ne chassons pas Google, remplaçons le peu à peu par quelque chose de meilleur.

N'utilisons pas Linux parce que nous sommes contre la politique de Microsoft. Utilisons-le parce que cela correspond mieux à nos besoins et à notre éthique.

Bref, ce n'est qu'une question de point de vue.

C'est tout chaud : Framasphère, l'alternative à Facebook basée sur Diaspora

Framasphère

Le buzz médiatique qui entoure le réseau social ello, présenté comme anti-facebook et plus respectueux de la vie privée car sans publicité, a curieusement remis en lumière un autre réseau social, Diaspora*

Selon le degré de connaissances des journalistes qui en parlent, on a un peu tout lu sur le sujet, mais il revient souvent l'idée que c'est le parfait exemple de réseau social qui s'était présenté comme une alternative à Facebook, et qui s'est lamentablement planté.

En réalité, c'est un peu plus complexe que ça.

Je te passerai l'historique du réseau, de l'ambition de ses 4 jeunes créateurs des débuts, de la campagne de financement participatif qui a explosé les compteurs, du décès d'un des fondateurs, puis de "l'abandon" à la communauté.

Car depuis, le réseau continue à se développer, occupé par bon nombre de défenseurs du libre il faut bien l'avouer, et il est loin d'être aussi mort que ce que l'on a pu le lire ces derniers temps.

Et surtout : c'est un vrai réseau respectueux de la vie privée de part sa conception : il est décentralisé.

Je m'explique.

Un réseau social comme Facebook (et ello !) stocke toute les données sur ses propres serveurs, qui lui appartiennent, avec tous les risques que cela implique.

Réseau centralisé / décentralisé

Diaspora* se présente sous la forme d'un logiciel que l'on peut installer soi-même sur un serveur, pour ensuite donner l'accès aux utilisateurs que l'on souhaite.

Bon, en réalité, pour le moment il faut un diplôme de barbu pour pouvoir installer ça, mais gageons que cela s'améliorera à l'avenir.

Ces serveurs sont appelés des noeuds, ou pods, et ces pods sont capables de communiquer entre eux pour constituer un réseau social unifié. Chacun est donc libre de choisir le pod qu'il souhaite rejoindre pour y stocker ses données, et peut ensuite retrouver l'ensemble des utilisateurs du réseau.

En France nous avons deux pods principaux qui se partagent la majorité des utilisateurs, diaspora-fr.org, plutôt réservé à des fins de tests de développement, et ... Framasphère, proposé justement par Framasoft.

Avec le lancement de Framasphère, avec la mise en lumière d'alternatives possibles à Facebook suite au buzz d'ello, j'ai l'impression que cela bouge pas mal ces derniers temps sur Diaspora.

Nous ne savons pas encore quel nom portera le réseau social du futur, mais j'ai comme l'impression que les internautes sont de plus en plus sensibles à ces notions de vie privée et de possession des données personnelles.

Alors bien sûr je t'invite à venir me rejoindre sur Framasphère, et à en parler autour de toi.

 

 


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Commentaires

Portrait de Neros

D'accord avec toi que de présenter le "Libre" comme un esprit de combat est une très mauvaise stratégie.
En général les gens s'en fichent d'utiliser ça ou ça « parce que c'est Libre ». En plus, le blabla autour, ça doit faire fuir ! Non, ils (et moi avec) préfèrent utiliser quelque chose parce que c'est cool.

Portrait de Taneleo

"Parce que c'est cool" : ce qui inclut, un logiciel qui fonctionne correctement, qu'il n'y a pas besoin de bidouiller, et que les copains utilisent.

S'interroger sur ce que doit être un logiciel, ce que doit être sa licence, sa philosophie, tout ça ce sont des questions de passionnés ou de spécialistes. Vouloir sensibiliser les utilisateurs à ces questions c'est comme leur demander quelle doit être la philosophie du cinéma. Les gens vont au cinéma, point (à part les vrais cinéphiles, qui sont le pendant de nos geek/libriste en informatique).

Ca a été une erreur de vouloir sensibiliser les utilisateurs à ces questions. Ils veulent juste utiliser les logiciels sans qu'on vienne jouer les rabat-joies avec ces questions.

Par contre c'est un peu comme l'écologie, les gens vont au moins cher ou à ce dont ils ont besoin, et si en plus c'est bio, tant mieux. Avec le Libre ça devrait être la même chose : proposer des alternatives qui fonctionnent réellement, et si en plus elles sont libres, tant mieux.

Portrait de coreight

Merci pour vos commentaires, je vois que nous sommes d'accord. Je retiens la très bonne analogie avec le cinéma.

Portrait de Alain Ternaute

Merci de nous rappeler ce point pédagogique : la plupart des gens ont en effet d'autres préoccupations. Au-delà de l'aspect technique, qui rebute les gens, le comportement populaire ignore les enjeux sociaux de l'informatique et s'en moque "pourvu que ça marche" (que ça réponde à ses besoins).

Pour atteindre les gens, il faut leur parler de leurs besoins de tous les jours. Exemples : "ça vous dit un réseau social simple, esthétique, sans pub, et qui respecte mieux votre vie privée ?" (jackpot pour ello)
"Si demain 30% des vidéos sur le Net vous étaient interdites ? C'est ce qu'à décidé Youtube." (droits d'auteur, toussa...) Voilà le discours qui marche.

Portrait de coreight

Le buzz médiatique autour d'ello (et à l'époque autour de diaspora) est un très bon exemple en effet.