La motivation du lundi matin !

On commence cette semaine avec une nouvelle vidéo extraite des célèbres conférences TED d'une intervetion d'Alain de Botton, journaliste et écrivain suisse.

Il revient sur la notion de succès telle qu'on l'a considère de façon commune, explique les dangers que cela représente, pour en présenter une conception différente.

Une vision profondément humaine de ce que l'on appelle communément "la réussite".

Comme d'habitude, je t'invite à prendre le temps de regarder la vidéo lorsque tu auras du temps (16'55), mais tu peux aussi retrouver une synthèse de l'intervention avec mes commentaires en dessous.

"Souvent, le dimanche soir, lorsque le soleil est en train de se coucher, l'écart entre mes espoirs personnels et la réalité de ma vie, diverge avec tellement de douleur que je finis par verser des larmes sur un coussin.

Je ne pense pas que ce soit un problème personnel. Je pense que nous vivons dans une période où nos vies sont régulièrement ponctuées par des crises professionnelles, quand ce que nous pensions savoir, sur nos vies, sur nos carrières, rentre en contact avec une réalité menaçante.

Aujourd'hui il est peut-être plus facile que jamais de bien vivre, mais il est peut-être plus dur qu'auparavant de rester serein, et de ne pas souffrir d'angoisse professionnelle."

J'ai eu le sentiment en écoutant cette introduction que la plupart d'entre nous sommes (ou avons été) concerné à un moment ou un autre de notre vie à cette situation. Ce sentiment de se trouver dans une impasse, à des kilomètres de ce que l'on aimerait faire ou être.

Le snobisme, un phénomène global

"Une des raisons de nos souffrances est que nous sommes entourés par des snobs. Le snobisme est un phénomène global.

Qu'est-ce qu'un snob ? C'est une personne qui prend une petite partie de vous, et qui s'en sert pour établir une vision générale de qui vous êtes."

Je suis sûr que tu reconnaîtras beaucoup de monde avec cette description. Mais le plus difficile, c'est de concéder que toi aussi tu te comportes parfois de cette façon)

"Et le type de snobisme le plus commun qui existe aujourd'hui est le snobisme au niveau professionnel. On le rencontre après quelques minutes seulement à une fête, quand on vous pose cette célèbre question du XXIème siècle : "Que faites-vous dans la vie ?"

(cette fois ci je suis certain que tu vois bien)

Et selon votre réponse à cette question, les gens sont soit heureux de vous rencontrer, où ils regardent leur montre et s'excusent.

La plupart des gens établissent une stricte corrélation entre l'investissement en temps, l'amour, l'intérêt, le respect qu'ils veulent bien vous donner, et notre position dans la hiérarchie sociale.

Pourquoi nous préoccupons-nous de nos carrières et des biens matériels ?

"On nous répète souvent que nous vivons dans une époque très matérialiste, or je ne pense pas que nous le soyons vraiment. Je pense que nous vivons dans une société qui a simplement associé certaines récompenses émotionnelles à l'acquisition de biens matériels. Ce ne sont pas les biens matériels que nous voulons, ce sont les récompenses. (...)

Une autre raison qui nous empêche de rester serein, c'est l'espoir que nous avons tous pour nos carrières. Jamais auparavant nos attentes ont été aussi élevées sur ce que nous pouvons faire tout au long de nos vies. On nous dit que l'on peut tout faire. Que nous nous sommes débarrassé du système de caste. Nous sommes maintenant dans un système où n'importe qui peut atteindre n'importe quelle position.

Ceci est une très belle idée. En même temps il y a une sorte d'esprit d'égalité. Nous sommes tous égaux. Il n'y a pas de hiérarchie strictement définis.

Mais il y a un gros problème avec ceci : la jalousie. Ceci est lié à l'esprit d'égalité. Je pense que cela serait très inhabituel pour n'importe qui ici, d'envier la Reine d'Angleterre. Même si elle est beaucoup plus riche que n'importe qui d'entre vous. Qu'elle a une très grande maison. La raison pour laquelle nous ne l'envions pas c'est parce que elle est simplement trop étrange : nous ne pouvons pas nous identifier à elle. Et quand on ne peut pas s'identifier a quelqu'un, on ne l'envie pas. Au contraire, plus nous sommes proche de quelqu'un en âge et en expérience, plus il y a de danger de jalousie.

Ceci est d'ailleurs la raison pour laquelle aucun d'entre vous ne devrait jamais aller à une réunion d'anciens élèves. Parce qu'il n'y a pas de point de référence plus fort que les gens avec qui nous sommes allés à l'école. Le problème est que la société moderne transforme le monde entier en école. Tout le monde porte des jeans, tout le monde à une apparence identique. Et cependant ce n'est pas le cas. Il y a donc un esprit d'égalité, combiné avec de profondes inégalités. Ce qui nous amène a une situation très stressante.

Il est aussi improbable aujourd'hui de devenir riche et célèbre comme Bill Gates, aujourd'hui, autant qu'au 17eme siècle accéder aux rangs de l'aristocratie Française. Mais le fait est que ça ne sent pas de cette façon. On est fait pour sentir, à travers des magazines et autres médias, que si vous avez de l'énergie, quelques bonnes idées technologiques, un garage, vous pouvez vous aussi commencer quelque chose de grandiose."

Je crois moi-même en tout ça. Je l'ai écrit à de multiples reprises ici. C'est je pense une source de motivation incomparable. Mais l'éclairage qui est apporté ici est qu'il est important de relativiser, entre nos ambitions qu'il faut avoir grande pour vraiment réussir, mais aussi notre vision de l'échec, notre façon de rebondir face aux événements imprévus, et ce que l'on aura réussi à faire en définitive comparé à nos ambitions.

"Une société méritocratique est une société dans laquelle si vous avez du talent, de l'énergie et des capacités, vous rejoindrez le sommet. Rien ne vous retiendra. C'est une idée merveilleuse. Le problème est que si vous croyez réellement en une société ou ceux qui le mérite arrivent en haut, vous devez croire aussi, de façon plus désagréable, en une société ou ce qui mérite de restez en bas reste en bas pour toujours. Autrement dit, votre position dans la vie n'est plus accidentelle, mais mérité. Ce qui rend l'échec beaucoup plus cuisant.

Aujourd'hui, si vous rencontrez quelqu'un en bas de l'échelle social, ils sont, méchamment, décrit comme "perdant". Il y a une réelle différence entre un malchanceux et un perdant. (...) Mais nous sommes sur le siège du conducteur. C'est fabuleux si vous le faites bien, et dévastateur si vous le faites mal. Le succès vous appartient. Mais les échecs aussi."
 

Comment être soulagé de ces pressions ? 

"Prenons la méritocratie. Cette idée que tout le monde mérite d'arriver ou ils arrivent. Je pense que c'est une idée folle, complètement folle. Je supporterai n'importe quel politicien de gauche ou de droite, avec n'importe quelle demi idée de méritocratie. Je suis méritocratique, un point c'est tout. Mais je pense que c'est fou de croire que l'on peut faire une société vraiment méritocratique. C'est un rêve impossible.

L'idée de faire une société ou réellement tout le monde est bien noté, les bons au sommet, et les mauvais en bas de l'échelle, est impossible. Il y a simplement trop de facteurs aléatoires. Accidents, accidents de naissance, accidents d'objet qui tombe sur la tête des gens, maladies, etc. On n'arrivera jamais a bien les noter. On n'arrivera jamais à noter les personnes comme elles devraient."

Je pense que la difficulté est de savoir distinguer ces facteurs aléatoires de la mauvaise volonté de certaines personnes, de ne pas donner de fausse excuses à ceux qui, justement, ne le mérite pas.

"Ce n'est pas le poste qui compte. (...) Retenez-vous quand il s'agit de juger les autres. Vous ne connaissez pas nécessairement la valeur des autres. C'est une partie inconnue d'eux. Et on ne devrait pas ce conduire comme si on le savait.

Il y a une autre source de consolation dans tout ça. Quand vous pensez à l'échec dans la vie, une des raisons pour laquelle nous avons peur de l'échec ce n'est pas une perte de revenue, une perte de statut. Ce que nous craignons c'est le jugement des autres et le ridicule.

Une autre consolation :

Je pense que les traditions occidentales nous montrent une alternative glorieuse. C'est la tragédie.

La tragédie (...) était une forme d'art consacrée à retracer les échecs des gens. Et leurs accorder aussi un certain niveau de sympathie. Dans la vie ordinaire, cela ne se produit pas nécessairement. Ce serait fou d'appeler Hamlet un perdant. Il n'est pas un perdant, même si il a perdu. Et je pense que c'est le message de la tragédie pour nous, et la raison pour laquelle c'est si important.

L'autre sujet de la société moderne, et la raison pour laquelle cela cause une telle anxiété, c'est que nous n'avons rien dans son cœur qui ne soit pas humain. Nous sommes la première société qui vit dans un monde où l'on ne vénère rien d'autre que nous même. Nos héros sont des héros humains. C'est une situation complètement nouvelle. Beaucoup d'autres sociétés ont eu au centre, la vénération de quelque chose de transcendent. Un Dieu, un esprit, une force naturelle, l'univers. Quoi qu'il en soit, quelque chose d'autre qui est adoré. On a un peu perdu l'habitude de le faire. Ce qui justifie que nous soyons si attirés par la nature. Non pas pour notre santé, même si c'est souvent présenté de cette façon. Mais parce qu'on fuit de la fourmilière. C'est une fuite de notre propre compétition, et nos drames personnels. Voila pourquoi nous aimons tant regarder les glaciers et les océans, et contempler la Terre en dehors de son périmètre, etc... Nous aimons sentir le contact avec quelque chose qui n'est pas humain. Et qui est si important pour nous."

Tu avais déjà pensé pourquoi nous étions tous fascinés par la grandeur et la beauté des éléments naturels ?

Une autre conception du succès

"Une des choses intéressantes du succès est que nous pensons savoir ce que ça représente. Si je vous disais qu'il y a quelqu'un derrière l'écran qui a beaucoup de succès, certaines idées vous viendront immédiatement. Vous pourriez penser a quelqu'un qui a gagné beaucoup d'argent, qui a réussi quelque chose dans un certain domaine. Mais en vieillissant, je suis aussi très subtil sur ce que le mot "succès" peut signifier.

Vous ne pouvez pas avoir de succès partout. (n.b. : et pas tout le temps !) On entend beaucoup parler de l'équilibre travail - vie personnel. Ça n'a pas de sens. Vous ne pouvez pas tout avoir. Vraiment. Donc n'importe quelle vision du succès doit admettre ce que vous êtes en train de perdre, ou ce qui est l'élément de perte. Et je pense que n'importe quelle personne avisée acceptera qu'il doit y avoir un élément d'insuccès.

Et l'élément qui fait une vie réussie, la plupart du temps, nos idées de ce que nous pensons être une vie réussie, ne sont pas les nôtres. Elles sont englouties par les autres. (...) Et nous engloutissons aussi des messages de tous les cotés, de la télé, de la pub, du marketing etc... Ce sont des forces très puissantes qui définissent ce que nous voulons et comment nous nous voyons. Quand on nous dit que celle du banquier est une profession très respectable beaucoup de gens veulent travailler dans les banques. Quand les banquiers ne sont plus si respectables, nous perdons l'intérêt dans le secteur bancaire."

(un exemple malheureusement particulièrement approprié de nos jours...)

"Ce que je soutiens, ce n'est pas que nous devrions laisser tomber nos idées sur le succès. Mais nous devons nous assurer que ce sont les nôtres. On devrait être plus concentré sur nos idées. Et nous assurez de les maîtriser, que nous sommes vraiment les auteurs de nos ambitions. Parce que c'est assez triste de ne pas avoir ce qu'on veut. Mais c'est encore pire de penser avoir une idée de ce que vous voulez, et découvrir à la fin d'un parcours, qu'en fait ce n'était pas vraiment ça.

Je vous en prie: le succès, oui. Mais acceptons l'étrangeté de certaines de nos idées. Débarrassons-nous de nos notions actuelles de succès. Soyons sures que nos idées de succès soient réellement les nôtres."

J'espère que cette vidéo t'a plu, et je serais ravi d'avoir ton opinion sur la question.