Stratégie d'un blogueur face aux communiqués de presse
Aaah, la joie d'être blogueur, de laisser courir ses doigts sur le clavier au petit matin, de suivre le souffle de l'information brûlante sur les réseaux sociaux, d'échanger avec une communauté de lecteurs passionnés, de se farcir ses 250 mails de retard...
Bon j'exagère un peu, mais il faut dire que ça s'amasse quand même un peu. Mais je ne vais pas m'en plaindre, car même si je sais que certains confrères n'ont aucune envie de recevoir ces courriels non-sollicités, pour ma part je trouve plutôt intéressant d'être informé en direct de l'actualité du monde des entreprises high-tech.
Même s'il est vrai que je n'ai jamais rien demandé.
L'ami Chob a donné récemment quelques conseils aux professionnels qui souhaitent établir des relations avec les blogueurs. Comme je souhaiterais que tout le monde les suivent !
Car il faut bien avouer que beaucoup de ces sollicitations sont plutôt inadaptées, maladroites, voir franchement pathétiques.
J'avais présenté pour ma part il y a bientôt 2 ans les différentes façons qu'ont les marques pour entrer en relation avec des blogueurs.
Pour aller plus loin, voici aujourd'hui ma façon toute personnelle de traiter les sollicitations par courriels, les plus fréquentes étant les fameux communiqués de presse.
Les communiqués "classiques"
Le cas standard où l'entreprise à quelque chose à vendre, et serait bien contente que la blogosphère lui donne un coup de pouce.
Les communiqués hors-sujet : je ne réponds pas et prends des mesures radicales (en plus de maudire l'expéditeur jusqu'à la 42ème génération)
photo flickr / G M
Certains semblent encore penser en 2015 qu'arroser les boîtes mails des journalistes et blogueurs du monde entier conduira inexorablement à la notoriété de leur entreprise.
Peu importe qu'ils contactent tous les sites de jardinage pour faire la promotion de leur nouveau lave-vaisselle.
Bref, lorsque je reçois un mail pour lequel je ne correspond visiblement pas à la cible, la solution est simple :
- si je suis de bonne humeur c'est la demande de désinscription (si le lien est bien présent dans le mail, comme le prévoit la législation en passant),
- si je suis un peu plus mal luné, le classement en spam directement. Et ouais, pas de quartier, il fallait faire attention.
Les communiqués mal rédigés impersonnels : je lis en travers, je ne réponds pas, et je supprime
photo pixabay
Ils sont bien trop nombreux : des mails imbuvables, trop long, plein de fautes, avec des images immondes, ou écrits sans aucun respect pour le destinataire (genre on ne s'est jamais parlé mais je suis ton pote. Bah oui quoi, tu es un blogueur, forcément un jeune débraillé de 15 ans, je pourrais être ton père).
Généralement, une fois que j'ai compris de quoi il retourne je ne tarde pas à cliquer sur le bouton supprimer. C'est peut-être un peu péremptoire, mais je vois difficilement en quoi tes produits ou services pourraient être intéressants si tu n'es pas capable de rédiger convenablement un email.
Les communiqués impersonnels mais rédigés convenablement : je lis, vais souvent voir le site, et demande parfois des infos supplémentaires
photo pixabay
Cette fois, aucun effort n'est fait pour s'adresser à moi en particulier, mais le mail est plutôt bien écrit, et le sujet est susceptible de m'intéresser. Dans ce cas je prends généralement toujours quelques instants pour aller voir de quoi il retourne.
Je prenais à coeur au début de faire une réponse systématique à ce type de courriel, au moins pour remercier, mais c'est devenu impossible pour moi désormais, et j'en suis désolé.
Dans quelques rares cas il m'arrive de demander quelques renseignements supplémentaires, dans ce cas la qualité de la réponse peut présager de la suite donnée.
Les communiqués faussement personnalisés : je ne réponds pas plus que les précédents
photo flickr / Katie Tegtmeyer
Un cas particulier où l'expéditeur a pris la peine de taper mon nom où l'adresse de mon site dans le corps de son message, mais cela ne va malheureusement pas plus loin.
Attention, nous ne sommes pas dupes : ce n'est pas en copiant-collant 2 titres d'articles de nos blogs, ou en nous jetant des fleurs virtuelles, que cela nous fera irrémédiablement plonger tête baissée dans la promotion de vos services.
Bref, pour ces messages-là, pas traitement de faveur, je les traite exactement comme les précédents. Et d'ailleurs si les ficelles sont trop grosses j'aurai tendance à être un peu plus vif sur le bouton supprimer si je suis une nouvelle fois de mauvaise humeur. Non mais.
Les communiqués personnalisés, pertinents et intéressants : au minimum je réponds (mais parfois c'est long)
photo flickr / Ministerio TIC Colombia
Là, on sent que la personne à l'autre bout a pris la peine de parcourir ton site, qu'elle s'est un minimum intéressé à ce que tu fais. Si en bonus le contenu du communiqué m'intéresse, je prends généralement le temps de répondre, au moins pour remercier, même si cela ne donne rien de plus derrière.
Si je sens que le sujet peut intéresser les membres de ma communauté, j'envoie parfois un petit tweet ou un message sur Google+.
Il est très rare que j'en fasse des articles, comme tu l'auras remarqué ce n'est pas trop le sujet ici de faire ce genre de post. Néanmoins, un service qui aura retenu mon attention peu très bien se retrouver cité à l'occasion si le sujet s'y prête.
Pour peu qu'un échange sympathique par mail interposé se soit produit, je considérerais généralement avec attention les futurs communiqués qui me parviendront (s'ils ne sont pas trop nombreux).
En revanche, et c'est là le gros point noir de mon organisation, il est courant que mes délais de réponses soient gigantesques (de l'ordre de plusieurs semaines).
Bah oui, je dois aussi traiter les dizaines de mails des catégories précédentes pour tomber sur ces quelques perles rares, et puis j'ai bien autre chose à faire que ça.
Les communiqués avec partenariat
Pour appâter le blogueur avide de pouvoir, certaines marques n'hésitent pas à proposer des partenariats plus ou moins honnêtes.
Les communiqués-partenariat foutage de gueule : je supprime, ou je fais une contre-proposition au moins aussi indécente
photo pixabay
Ceux-là ont au moins le mérite de me faire rire dans la plupart des cas :
"Je vous propose du contenu GRATUIT pour votre blog ! (en échange de 2 liens vers le site de mon client)"
" Je vous propose un article COMPLET (mais hors sujet) et je vous offre 10€ !"
" Je vous propose un échange de liens avec mon blog sur les setters irlandais qui compte pas moins de 17 pages vues par jour !"
"Seriez-vous intéressé pour faire un article sur notre produit révolutionnaire ? (mais on ne peut pas vous le prêter pour un test, faut pas déconner)
Je m'amuse parfois à faire une contre-proposition à ces gentils partenaires potentiels, avec des tarifs d'articles sponsorisés multipliés par 2 ou 3, des demande de dons de produits pour les faire gagner à mes lecteurs...
Généralement la conversation tourne court.
Les communiqués-partenariat sérieux : je réponds (mais c'est aussi long)
photo pixabay
Il arrive, assez rarement malheureusement, que certaines boites mettent les moyens pour établir des partenariats intéressants, en proposant spontanément des prêts de produits, voire le don via l'organisation de jeu-concours, en étant prêt à mettre le prix pour un article sponsorisé objectif de qualité...
Là encore, je prends généralement toujours le temps de répondre, même si ma réponse est négative, avec la même problématique de délai.
Voilà ma façon de faire, j'espère que cela vous a éclairé. En tout cas je pourrais ressortir cet article aux spammers insistants qui s'étonnent de ne pas avoir de mes nouvelles. Non mauvaise langue, ça n'était pas mon unique objectif pour cet article ;-)
Je suis curieux à présent d'avoir les retours d'expérience des collègues, voire pourquoi pas de community managers ou autre responsables ayant la lourde charge de traiter avec ces satanés blogueurs.
Tu aimes ce site ?
Tu devrais lire aussi
Commentaires
Johann
23/07/2015
Permalien
J'ai toujours eu du mal avec ça. Comme toi, lorsque c'est intéressant, pas d'article mais une publication sur les réseaux.
Pour le reste, j'ai l'impression parfois (souvent) qu'on nous prend pour de la main d’œuvre gratuite, pour ne pas dire pire.
J'ai l'exemple d'un test de GPS vélo que je devais effectuer mais sans aucune contrepartie pour le temps passé; ou alors, ces boutiques qui veulent pratiquer l'échange de liens : si elles pourraient gagner de l'argent via les clics depuis mon blog, l'inverse n'est pas vrai. Pour conclure, rares sont les communiqués de presse intéressants dans mon cas.
Codeur Impulsif
23/07/2015
Permalien
Sympa comme article, ça permet de comprendre comment ils doivent envoyer leurs mails (même si ça semble evident).
Au passage une petite faute de frappe : "laisser"
coreight
15/08/2015
Permalien
merci ! (pour le mot et la correction ;-)
Marco Bertolini
23/07/2015
Permalien
Le ton de certains de ces communiqués, aussi, est terriblement agaçant : tu sens qu'ils sont tellement sûrs d'eux qu'ils n'imaginent même pas une seule seconde que tu puisses leur refuser, toi, une méprisable merde d'écrivaillon en ligne, de publier leur communiqué creux, mal torché, d'un inintérêt abyssal. Ou leurs liens foireux vers leur école pourrie où tu ne voudrais même pas mettre le môme de ton voisin, celui qui gueule tous les mercredis après-midi en pissant sur tes haies sans la moindre arrière-pensée (sans la moindre pensée non plus d'ailleurs).
Bon, c'était mon quart d'heure de méchanceté gratuite : ça fait du bien de se lâcher de temps en temps :)
Letilor
24/07/2015
Permalien
Je me retrouve totalement dans ton article
Apès j'essaye de repondre plus rapidement. Je me mets meme des rappels. Mais bon parfois les delais restent longs aussi.
Jacques
13/08/2015
Permalien
J'avoue que je ne suis supris de vos commentaires et j'aime assez l'humour que vous avez employée pour remttre les choses en place
Il y a un autre domaine où c'est aussi pas mal dans le mode cynique, c'est la photographie. Comme tout le mond le sait, faire une photo c 'est facile comme un smartphon, surtout une bonne qualité. Alors de braves proposent de piquer ,sans permission, vos photos pour les mettre en ligne et vous dit que cela vous fera connaître. C'est juste si vous ne devez pas payer pour bénéficier de ce supr^me bonheur.
Enfin de parlons pas du SEO, proche d'une certaine manière de ce que vous faites.
coreight
15/08/2015
Permalien
Je vois que nous avons globalement tous les mêmes problèmes, et des façons assez proches de les traiter ;-)
Bruno Tritsch
27/10/2015
Permalien
Bonjour,
Personnellement, je suis bien plus radical que vous puisque je ne me désinscris jamais d'une liste sur laquelle je ne me suis pas inscrit.
Certains vous diront d'ailleurs qu'en cliquant sur le lien de désinscription, vous indiquez aux spammeurs que votre boîte mail existe bien et qu'ils peuvent donc revendre votre adresse, même si c'est illégal en France.
Donc pour moi, c'est direct "indésirables".
Sam Dealer
03/11/2015
Permalien
Sympa l'article ! Moi perso quand je reçois ce type de mail ( le type de mail complètement impersonnel j'entend ) j'y répond mais d'une manière encore plus impersonnelle... C'est assez efficace et en plus ça confère un petit sentiment du devoir accompli !
Thierry Delorme
24/11/2015
Permalien
C'est du vécu. J'ai même un modèle de réponse-type si ça intéresse quelqu'un.
Principalement pour les CP hors sujet ;))
Rudy Viard
21/01/2016
Permalien
Bonjour, je reçois exactement la même typologie de communiqués (normal en même temps) et ce qui m'a amusé c'est que je procède exactement pareil avec parfois un malin plaisir à répondre.
Pour autant, difficile de jeter la pierre car lorsque j'étais de l'autre côté du miroir, je n'ai certes jamais envoyé de communiqué sur un nouveau modèle de tracteurs à des blogueuses mode, mais c'est assez difficile de concevoir combien on peut être à la ramasse avec des offres qui n'intéressent tout simplement pas les blogueurs.
Pour moi, le plus atroce reste effectivement les boîtes qui font beaucoup de chiffre mais qui trouvent que payer plus de 50 euros par article sponso, c'est beaucoup trop. Je ne fais quasiment jamais de posts sponso à moins que le produit me plaise vraiment mais comme toi, je pousse parfois en leur faisant une vraie proposition. C'est parfois drôle.