S'il y a bien une chose qu'ont pu constater les vieux comme moi qui ont quasiment connu l'origine du web, c'est que ce fantastique milieu s'est fortement professionnalisé au fil des années. C'est ainsi que tout un tas de nouveaux métiers ont vu le jour pour essayer de créer / modifier / personnaliser / monétiser son petit bout d'Internet.

Comme je fais partie de ce petit monde depuis maintenant quelques années, j'ai eu envie de te le décrire depuis ma petite lorgnette personnelle, celle d'un développeur freelance.

C'est avant tout pour rigoler, hein, je ne veux froisser personne, c'est donc une grosse caricature dans laquelle chacun pourra se reconnaître ainsi que ses clients / concurrents / partenaires. Personne d'ailleurs ne correspondra à 100% à l'un ou l'autre profil, mais sera sans doute une synthèse d'un peu tout ça.  

C'est donc le début d'une petite série qui commence aujourd'hui avec un individu singulier qui se veut être le chef d'orchestre de tout projet web qui se respecte ; j'ai nommé le / la chef de projet web (*).

Voici donc selon moi les principaux types de cette étrange espèce friande de planning, tableaux de suivi, reporting et autres listes de tâches :

Le désorganisé

Chef de projet désorganisé

photo pixabay

Assez commun, il se reconnait facilement en t'appellant le vendredi à 18h pour savoir si tu peux bloquer 5 jours pour lui la semaine suivante.

Ses projets sont toujours urgents et lancés à la dernière minute, et lorsque tu as livré ta part dans les temps il peut se passer des semaines avant d'avoir les premiers retours.

Le plus : pour les freelances, il peut dépanner le jour où un trou dans l'emploi du temps se libère à la dernière minute ; il aura forcément quelque chose sur le feu à traiter. A traiter pour hier par contre.

Le moins : bien entendu tu devras lui dire non une fois sur 2, ou négocier âprement pour trouver 1 heure ou 2 de-ci de-là pour le dépanner.   

Le désorganisé - version documents et outils

Chef de projet désorganisé outils

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Celui-ci peut très bien gérer son planning comme un chef, en revanche il n'arrive pas à se mettre d'accord avec lui-même pour choisir le bon moyen de communiquer avec tout le petit monde qui l'entoure.

Tous se retrouvent donc à gérer les tâches du projet avec 3 tableaux Excel, 6 PDF, 3 documents Word, 2 powerpoint, 1 trello, plus un vrai outil de gestion de projets / tickets qui vient se greffer en cours de projet, mais en version usine à gaz sortie des années 90 que personne ne comprend vraiment. Et que du coup personne n'utilise bien sûr.
Ne rigolez pas, c'est du vécu (à peine exagéré).

Le plus : pour les fourbes qui n'assument pas d'avoir oublié une tâche quelque part, ils peuvent toujours dire qu'ils ont posé une question à la page 3 du document 2 version 1.18.16. Personne n'ira vérifier.

Le moins : dans ces conditions tu peux être sûr que chaque participant au projet aura zappé au moins une tâche ou information essentielle. Ou même que certains membres finiront par ne jamais réapparaître, noyés sous l'infinie documentation ayant trait au projet. 

L'oeil qui voit tout

Chef de projet contrôle

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Celui-ci est en permanence sur le dos de tous les participants au projet : il appelle 6 fois par jour, demande de faire un point à la fin de chaque 1/2 journée, plus 3 réunions avec le client par semaine.

Il veut généralement tout contrôler : les outils utilisés, les échanges entre tous les prestataires et avec le client, et que chacun inscrive à la minute près le temps passé pour chacune des tâches.

Le plus : il est au courant de tout, et sais donc précisément l'état d'avancement du projet, les problèmes rencontrés, etc... 

Le moins : évidemment avec autant de reporting difficile de ne pas exploser le timing si cela n'avait pas été intégré au départ. Ce qui bien sûr n'est jamais le cas.

Le solitaire

Chef de projet solitaire

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C'est l'exact opposé du précédent : il te fera le brief de lancement, et tu n'en entendras plus parler jusqu'à la livraison si tu ne le sollicites pas pour lui poser des questions.

Le plus : ce sentiment grisant, d'être LIBÉRÉ, DÉLIVRÉ... limite livré à soi-même. Ce qui peut très bien convenir à certains prestataires expérimentés friands d'autonomie.

Le moins : cela ne convient pas à tout le monde, certains auront du mal à s'impliquer en l'absence de chef d'orchestre. Sans compter évidemment les risques d'incompréhension et le manque de suivi du projet.

Le borné

Chef de projet borné

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Tu ne sais pas comment c'est arrivé, peut-être l'envie de réitérer le succès d'un précédent projet qui s'est particulièrement bien déroulé, mais il a une idée très précise sur le moindre élément qui a trait au projet, et accepte difficilement d'en déroger.

Charte graphique, outils de développement, stratégie SEO,... tout y passe, et les spécialistes qu'il doit faire travailler ont bien du mal à imposer leurs idées.

Le plus : au moins tout le monde à un cap précis à suivre... et les contraintes qui vont avec.

Le moins : évidemment avec cette façon de faire difficile de répondre du mieux possible au besoin du client, dans les meilleurs délais, au meilleur prix.

L'indécis

Chef de projet indécis

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Il change d'avis 10 fois par jour, soit après qu'un prestataire ait parlé plus fort que les autres, soit parce que le client a eu nouvelle idée et qu'il n'a surtout pas voulu le contredire, soit tout seul juste parce qu'il a lu un truc sur Internet qui lui a semblé pertinent sur le moment... jusqu'à sa prochaine découverte.

Le plus : impossible de s'ennuyer à cause d'un projet qui ronronne, d'un cahier des charges stable et d'une méthode de travail fixe...

Le moins :  ce projet ne finira jamais, crois-moi.

Le paumé

Chef de projet perdu

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Bon celui là est extrême, personnellement je n'en ai jamais rencontré (du moins pas à ce point là), mais je suis sûr qu'il existe : tout le monde se demande quelle erreur de parcours il a suivi pour arriver là, car il ne comprend visiblement pas grand chose au web, a des notions très vagues de la façon de conduire un projet, et galère à utiliser le moindre outil informatique, comme une poule qui aurait trouvé un couteau (j'adore cette expression. Disons que c'est mon "poudre de perlimpimpin").

Le plus : l'occasion idéal de développer tes compétences de chef de projet, en plus de celle que l'on te demande pour cette mission.

Le moins : pas sûr qu'on te paye la facture supplémentaire pour avoir exercé 2 métiers en même temps.

Le webmaster

Chef de projet webmaster

photo pixabay

Mon préféré, celui-ci connaît son sujet et a des notions sur tout ce qui se trouve en périphérie, que ce soit le développement, le webdesign, le marketing numérique... En gros il possède ce que j'appelle une "culture web", qui fait qu'il se balade comme un poisson dans l'eau à son poste.

Pour prendre l'exemple du développement : il connaît en gros les différents langages qui existent, a quelques notions en HTML / CSS, sait quels sont les CMS et frameworks du moment et à une idée des avantages et inconvénients, sait à quoi sert un dépôt GIT... Bref tu peux discuter avec lui tranquillement sans qu'il fasse de gros yeux comme si tu venais d'une autre planète.

Le profil qui a mon sens devrait être recherché en priorité par les agences. De mon point de vue de développeur, forcément partial ;-)

Le plus : Il possède souvent son ou ses propre(s) site(s) web à côté sur lesquels il expérimente plein de choses.

Le moins : attention à l'excès de confiance pour celui qui sait plein de choses et serait tenté d'imposer ses choix sans être réellement un spécialiste. 

 

Alors, qui s'est reconnu ? C'est bon je n'ai vexé personne ? ( si oui il ne faut pas hein, dans l'ensemble je vous aime bien).

Cette liste étant loin d'être exhaustive, n'hésitez pas à ajouter d'autres idées en commentaires bien entendu. Pas de raison qu'il n'y ait que moi qui bosse.

Pour le prochain article j'hésite entre m'attaquer aux graphistes / webdesigners ou une auto-critique sur les développeurs, j'ai de la matière ;-)

 

(* puisque le sujet est largement d'actualité : j'ai fait tous les accords au masculin dans cet article uniquement pour faire court, mais je travaille autant avec des chefs de projets homme que femme, et globalement ils se placent tous aussi bien dans chacune des catégories de cet article. Voilà c'est dit)

 

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Commentaires

Portrait de Bernieshoot

Et aussi, le chef de projet qui a raison trop tôt.

Portrait de WebTech

Excellent article je vous remercie pour le partage.

Portrait de Arnaud

C'est drôle ;)

Peut on avoir une vision non-ironique du bon chef de projet?
Cerner ce qui ne vas pas c'est une chose mais cela ne fait pas vraiment avancer.

Ex. : Le borné
Effectivement peut être néfaste (pas assez ouvert) ou mettre le curseur?
Car dans ma vision le chef de projet doit pourvoir mesurer la faisabilité de ce qu'il demande à un dev par exemple.
Il arrive fréquemment que des dev estiment mal temps et ressources.
De ma petite expérience en digital sur des outils dans différentes configurations :
- Je n'ai jamais vu un projet correspondre a 100% au cahier des charges initial (ce qui est entendable).
Il y a toujours de sacrés compromis d'organisation/interface.
- Je n'ai jamais vu un projet être livré à l'heure.

Ce qui n'arrive quasiment jamais dans l'industrie.

Je fini par une piste d'article : "les différents types de d'entreprises dans le web" (ex. : le freelance qui fait tout, les bidouilleurs, ceux qui présentent des outils dans PowerPoint pendant 3 mois en disant : c'est en dev ça vas être super mais en fait non, et mes préférés : ceux qui ne savent pas s'engager sur un planning (la V2 arrive on travaille dessus)