C'est une impression étrange.

Je travaille désormais une bonne partie de mon temps depuis chez moi, seul, tout au moins au sens auquel on l'entend d'habitude ; sans contact "direct" avec un autre être humain, mais avec le filtre d'un écran, d'un clavier, d'un micro ou d'une caméra.

Et pourtant, je n'ai jamais l'impression de travailler isolé.

D'accord, je ne suis pas seul tous les jours, chaque semaine étant généralement entrecoupée de quelques journées passées chez des clients, de participation à des meetups ou autres rassemblements professionnels qui m'intéressent, de déjeuners de temps à autres avec des collègues et amis.

D'accord aussi, il y a les sonneries régulières du téléphone, les notifications du chat, des mails, des réseaux sociaux... qui font qu'il ne se passe rarement plus d'une heure sans que je n'interagisse "virtuellement" avec quelqu'un.

Mais j'ai toujours eu l'impression de quelque chose de plus... profond.

Les profondeurs du web

C'est une journée comme une autre ; réveil, douche, petit déjeuner, préparation pour commencer à travailler.

Le café a coulé, la tasse chaude est posée à côté du clavier, la vapeur qui s'en échappe dessine une légère buée sur l'écran de mon PC.

Ce dernier vient d'ailleurs de démarrer, j'ouvre machinalement mon agenda, mon lecteur de musique, et mon navigateur préféré.

Après quelques minutes passées à faire le point sur mon planning de la journée et les derniers mails arrivés, l'attraction du web - le coeur de mon métier - commence à doucement m'attirer.

La transition se fait toujours par palier, débutant par la consultation rapide de quelques sites familiers ; mon blog, quelques sites d'actualités, mes réseaux sociaux préférés.

Les yeux rivés sur l'écran, la musique en bruit de fond se fait de plus en plus lointaine, l'odeur du café finit par se faire oublier, mes doigts ne sentent plus la pression sur les touches du clavier. 

Les pages web et leurs lignes de textes, leurs couleurs, photos, illustrations,... ne sont plus affichées sur l'écran devant moi...

... elles m'entourent désormais, comme un monde virtuel s'étant peu à peu substitué dans mon esprit à la pièce dans laquelle je me trouve.

Je perçois de mieux en mieux la lumière dans les profondeurs, et commence à percevoir un monde étrange et complexe.

 

Je découvre un monde habité par une multitude d'internautes, se déplaçant parfois en solo, d'autres fois en petits groupes, très souvent en bancs suivant instinctivement les individus se trouvant devant, pour le meilleur comme pour le pire.

Je découvre un monde coloré, varié, où chacun semble chercher à laisser sa trace, du petit poisson blogueur du dimanche au gigantesque mammifère marin de la Silicon Valley, où les vastes zones insipides remplies de copié-collé côtoient des merveilles de formes et de couleurs dessinées par les webdesigners les plus talentueux.

Je découvre un écosystème complexe, fait de machines électroniques et de lignes de codes. Incompréhensibles pour le plus grand nombre, elles me paraissent plus claires au fil de ma descente dans les profondeurs, mais leur immensité ne me laisse aucun doute sur le fait que je ne pourrais jamais tout découvrir.

Je me laisse guider dans mon exploration par les moteurs de recherches, encyclopédies, réseaux sociaux, conseils de sites et personnes de confiance. Peu importe l'endroit où je me trouve, je peux rapidement revenir en terrain connu, même si j'adore m'y perdre volontairement.

Je découvre un monde qui n'est pas sans danger, parsemé de zones d'ombres qu'il vaut souvent mieux éviter, et de grands prédateurs avides de données personnelles, de coordonnées bancaires, de failles de sécurité, et de crédulité des internautes les plus fragiles.

Je découvre un monde en perpétuelle évolution, qui ne cesse de bouger, qui semble ne jamais dormir, pollué ça et là par des vendeurs de rêves et de buzz, mais dont les plus fidèles défenseurs ne relâchent jamais leurs efforts pour s'approcher au plus près d'un idéal libre et non-censuré.

Je dois régulièrement remonter à la surface, pour reprendre ma respiration... et remplir ma tasse de café qui s'est curieusement vidée sans que je m'en aperçoive.

Je me reconnecte alors doucement au monde qui m'entoure ; le soleil brille dehors, j'entends au loin des oiseaux chanter... à moins que ce soit le gazouillis des tweets qui tentent de me faire replonger ? Serait-ce le véritable chant des sirènes ?

Mais comment pourrait-on résister ? Un monde peuplé d'espèces si variées, de dangers et de tant de choses merveilleuses... comment ne pas être fasciné ?

Je le redécouvre chaque jour, mais j'en suis désormais persuadé : ce monde n'a rien de virtuel.

 

 

(disclaimer : article écrit sans consommation d'aucune substance (à l'exclusion du café). Le premier qui utilise cet article comme une démonstration de la nocivité du web, expliquant que la jeunesse va être pervertie en perdant tous ses repères avec la réalité, et qu'il faut réguler son utilisation,... finira au fond de l'océan avec un boulet au pied. Et non, ce n'est pas moi le boulet).

 

A propos de ce billet :

J'ai reçu il y a quelques semaines un email de Nicolas, un sympathique lecteur qui m'encourageait à poursuivre mes articles sur ce blog, mais qui me disait regretter mes articles de "motivation du lundi", qui se font de plus en plus rares.

C'est vrai que lorsque je me suis lancé à mon compte, je m'étais dit que cela pourrait être le lieu idéal pour partager mes aventures de néo-entrepreneur, chose que j'ai faite ponctuellement ici, ou encore , mais cela à tendance à s'espacer.

Cela fait bientôt 1 an que je suis dans le web jusqu'au cou, et l'une des remarques que l'on me fait le plus souvent concerne curieusement plutôt mon lieu de travail. En effet, en tant qu'intégrateur / développeur freelance, il m'arrive d'aller travailler directement chez certains de mes clients, et j'ai fait quelques expériences de co-working, mais je passe l'essentiel de mon temps à travailler depuis chez moi.

Et les réflexions que l'on me fait sont souvent les mêmes : "je ne sais pas comment tu fais", "moi je ne pourrais pas", voire carrément "c'est mauvais ça, de bosser chez soi" (sic).

La première réponse qui pourrait me venir en tête, c'est que ce n'est qu'une question de méthode de travail, d'organisation, de rigueur. Mais à bien y réfléchir, j'ai eu l'impression de quelque chose de plus profond que ça... ce qui m'a amené à écrire cet article.

Je ne suis pas sûr qu'il corresponde vraiment à mes articles habituels de "motivation", mais c'est un premier pas !

Merci Nicolas ;-)

 


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Commentaires

Portrait de Apollo

Superbe article, moi aussi j'attends le retour de la motivation du lundi ;)

Portrait de Sébastien

Travailler à la maison, je fais aussi. Ce n'est pas du tout un problème quand tu as été en déplacement la moitié de ta vie ! Effectivement, avec une démarche sérieuse et pro, tout se passe bien et avec un immense plaisir.
Sinon, idem apollo : en attente des articles de motivation du lundi,
mais le lundi n'a absolument pas la même saveur lorsqu'on est entrepreneur;.
@bientôt

Portrait de Pierre

"je ne sais pas comment tu fais", "moi je ne pourrais pas"
C'est facile, faut simplement accepter et se laisser aller;
C'est ce que je fais tous les jours, seul devant un ordi, même pas d'interaction téléphonique ou tweet ou autre, et ça me va bien; je profite d'une vue magnifique sur l'un des plus beau site de la ville du midi qui m'accueille depuis 2 ans, plus de RER/métro / boulot / dodo, au lieu de ça un petit café en terrasse le matin au pied de la résidence et à 9h pétante, je démarre l'ordi, jusqu'à 18h.

Portrait de le_futuriste

C'est normal que tu fait un nouveau paragraphe à chaque nouvelle phrase ? :/