Il y a 6 mois j'écrivais un article intitulé "Étape 1 : se jeter à l'eau", dans lequel je vous présentais mon gros projet de 2015, celui consistant à quitter un emploi salarié intéressant et confortable pour me lancer dans l'aventure de vivre de ma passion pour le web en freelance.

Une demi-année plus tard, je me suis dit qu'un petit point d'étape me serait égoïstement utile, et qu'il pourrait peut-être en intéresser quelques uns parmi vous, qui se sont lancés aussi ou qui envisagent de le faire.

Je ne vais pas faire durer le suspense : dans les grandes lignes tout va plutôt bien pour le moment, je ne manque pas de boulot, les revenus de ma petite auto-entreprise sont irréguliers mais j'ai de quoi voir venir pour les prochains mois. L'avenir me dira ce qu'il adviendra.

Cet article a donc surtout pour but de partager mon ressenti suite à ces premiers mois livrés à moi-même.

Travailler pour le pire des patrons : soi-même

Le point négatif qui revient le plus souvent lorsque l'on parle du salariat, c'est de devoir satisfaire les exigences d'un patron. C'est d'ailleurs ce qui fait fantasmer beaucoup de monde dans l'idée de travailler pour son propre compte.

Je te préviens tout de suite : tu es peut être ton pire patron.

Même si cela semble contraignant, être salarié d'une entreprise signifie avoir un cadre, connaître les missions que l'on doit effectuer, ne pas avoir toutes les responsabilités à assumer.

Le travail d'indépendant c'est la liberté... pour le meilleur comme pour le pire. Personne ne te dit quoi faire, qui et comment démarcher, si tu dois accepter telle ou telle mission, si tu n'as pas été trop ambitieux sur un projet ou sur les délais fixés, si tu as laissé passé une belle occasion.

On te dira que tu as la chance d'être libre de choisir. Je dirai plutôt que TU DOIS faire des choix, tous les jours, prendre des décisions quotidiennement sans même t'en rendre compte : lorsque tu prépares ton planning le matin, lorsque tu réponds à tes clients, lorsque tu choisis de t'investir dans tel ou tel projet...

Pas de cadre, pas de règles... qui te dit que tu seras un bon patron ?

J'imagine pour ces raisons que le travail comme freelance convient mieux des personnes qui ont eu l'habitude de travailler avec une grande autonomie, des responsabilités, des décisions à prendre.

Mais après tout, c'est sans doute aussi une question de caractère et de manière de travailler.

Trouver son rythme

Certains ont parfois en tête une image du freelance qui travaille en caleçon sur son canapé, ou qui n'hésite pas à sortir faire ses courses ou aller à la salle de sport en plein milieu de journée si cela lui chante.

J'ai déjà entendu le témoignage d'entrepreneurs qui fonctionnent de cette façon, et qui ont l'air de plutôt bien s'en sortir.

D'autres (dont je fais partie) ont le besoin de se forcer à respecter des horaires assez stricts, de rester concentrés toute la journée derrière leur bureau, de s'autoriser rarement des sorties extra-professionnelles en semaine... et de mettre un pantalon :-D

Tu l'auras compris, la seule règle à suivre et de trouver la méthode qui te convient le mieux, à la fois pour être productif, pour gérer le stress, sans oublier de rester en phase avec les horaires de tes clients et partenaires...

Si tu n'es pas du matin et préfères travailler la nuit jusqu'à 2 heures du mat', qui t'en empêche ?

L'autre chose qui me vient en tête à propos du rythme est de ne pas négliger le temps de travail qui n'est pas directement productif. J'ai lu ça et là que certains travailleurs indépendants consacraient seulement la moitié de leur temps à réellement bosser pour leurs clients, le reste étant composé de toutes les autres tâches inhérentes au statut d'entrepreneur : tâches administratives, relations commerciales pour faire sa pub et entretenir les contacts avec ses relations, veille et apprentissage,...

Dans mon propre cas, mon entreprise est encore jeune mais je consacre actuellement en moyenne 60% de mon temps pour le travail effectif avec mes clients, 20% de travail "marketing" (= démarchage, rédaction de devis pour des prospects, réponse aux mails, mais aussi assurer ma présence sur le web, ce blog en faisant partie), 10% pour des tâches administratives (ranger mes dossiers et papiers, faire mes comptes et déclarations...) et gérer les imprévus (très important !), 10% de "veille" (lectures diverses...), et 10 à 20% pour des projets perso. Oui, le total ne fait pas 100%, c'est pour que tu te rendes bien compte de la différence avec un boulot à 35h :-p

Tout ceci étant bien entendu variable par période, avec des jours de rush pour boucler un projet pour un client, et d'autres plus calmes où je peux consacrer plus de temps à la recherche de nouveaux clients ou à mes projets perso.

 

 

Apprendre tous les jours

Je ne pense pas que cela soit propre au développement web, mais c'est en tout cas particulièrement prononcé dans ce genre de domaine où la technologie évolue tous les jours à une vitesse dingue : il y a toujours quelque chose de nouveau à apprendre, à essayer, des témoignages de spécialistes à lire, des débats avec d'autres professionnels à mener.

Il faut en permanence avoir à l'esprit ce besoin de se tenir à jour et d'expérimenter. Il ne faut donc pas s'étonner de devoir faire face régulièrement à des demandes pour lesquelles on ne voit pas toujours à 100% au départ comment on va pouvoir y répondre : on peut imaginer les grandes lignes, savoir que l'on en maîtrise parfaitement une partie, tout en sachant qu'il nous faudra approfondir sur une autre.

Je pense souvent à cette phrase de Richard Branson : "Si quelqu'un vous offre une opportunité incroyable mais que vous n'êtes pas sûr de pouvoir le faire, acceptez... puis apprenez à le faire plus tard"

C'est une citation que j'adore mais qui est sans doute à relativiser, pour ne pas mettre en jeu sa réputation si on n'est vraiment pas capable de répondre à une demande.

Je crois qu'il y a un critère primordial à prendre en compte : le temps. Le temps disponible pour réaliser cette opportunité, à comparer avec le temps nécessaire pour apprendre à le faire. Sans négliger les éventuels imprévus qui pourrait se glisser dans l'équation.

Si le temps joue en ta faveur, alors banco.

Chercher l'efficacité

La recherche d'efficacité concerne tout le monde, indépendants comme salariés, mais je peux t'assurer qu'elle prend un tout autre sens lorsque tes revenus ne sont pas liés à un contrat de travail garantissant un montant fixe à la fin du mois en échange d'un travail correctement réalisé pour un nombre d'heures donné.

Je te parlais de 50-60% du temps effectivement consacré au travail pour des clients, donc au seul travail rapportant réellement des revenus... autant dire qu'il vaut mieux être productif pendant cette période.

D'une part en cherchant la meilleure organisation dans ses journées, afin de réaliser toutes ses tâches de la manière la plus productive possible.

Ensuite en recherchant toujours les outils les plus efficaces pour réaliser son travail, mais aussi pour automatiser les tâches répétitives (les développeurs connaissent bien ça), sans oublier de sécuriser ses données.

Un sujet que j'aborde régulièrement ici.

Soigner son réseau

On cite souvent l'importance du réseau lorsqu'on lance une entreprise, dans mon cas cela s'est avéré primordial dès les premières semaines : mes premiers contrats me sont  venus grâce à mes contacts de ma vie professionnelle passée, le temps de commencer à me faire connaître dans une ville où je viens de débarquer et de trouver suffisamment de temps pour faire ma publicité.

Un petit mot de temps en temps à ses anciens contacts pour prendre quelques nouvelles, et en profiter pour en donner, ça ne coûte rien, ça fait toujours plaisir, et ça peut s'avérer payant.

Tout cela peut bien entendu être variable selon le secteur d'activité dans lequel on se lance en tant que travailleur indépendant, mais j'imagine qu'il est courant que ses contacts ou leurs relations fassent partie des premiers clients de n'importe quel entrepreneur.

 

 

Alors, en route pour la prochaine étape ?

Oui, oui plus que jamais dans mon cas : la motivation de travailler pour sa passion, pour son propre compte, de toucher directement les fruits de la valeur ajoutée que l'on créé, d'être libre dans le choix de ses missions et de son organisation, méritent amplement pour moi les quelques sacrifices à côté : avoir tout à gérer soi-même, nager à vue sans le cadre confortable d'une entreprise qui nous rémunère, travailler plus, beaucoup plus, avec les incertitudes de réussir à conserver des revenus réguliers...

Il faut être préparé, confiant... et peut-être un peu fou pour apprendre vraiment à nager seulement après s'être jeté à l'eau.

 


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Commentaires

Portrait de demenagement

Superbe article

Portrait de Sébastien

Oui je fais partie aussi de ceux qui ont besoin de structurer leur journée. Et au delà de la capacité à s'organiser, il y a aussi la séparation travail/vie privée, question encore accentuée si l'on travaille depuis chez soi.

Je viens de lire cet article qui, je dois l'admettre, "résonne" particulièrement pour moi. Je félicite donc son auteur! Beaucoup de lucidité.
Oui, la liberté a un prix. Celui de l'inconfort, de l'incertitude, du doute. Oui la liberté est un choix. Celui d'être "avec soi-même", de ne pas exister autre part que dans la réalité que nous voulons créer.
Il est difficile d'apprendre à nager. Nous passons notre vie à apprendre à nager et finalement, on en viens à se demander si ce n'est pas précisément celà - "être sur le point d'y parvenir" - qui nous rend heureux. La récompense véritable, c'est cet espoir, qui n'est jamais vain. Jamais. "La perséverance est invincible" (Plutarque).

Portrait de coreight

Merci pour les félicitations, le partage d'expérience et la citation :-)