J'ai l'immense plaisir aujourd'hui de te présenter un extrait du premier TEDxDijon, dont je t'ai déjà parlé un peu ici, et qui a eu lieu le 13 juin 2014.

Ce fut l'occasion pour le public présent de découvrir des hommes et des femmes inspirants, parmi lesquels Mathieu Nebra, créateur du célèbre "Site du Zéro" devenu depuis OpenClassrooms, site qui m'a personnellement appris tellement de choses que je ne te cache pas mon plaisir d'avoir pu écouter Mathieu sur scène.

Voici son intervention que je t'invite bien entendu à visionner, et avec un résumé écrit en dessous si besoin.

"Je crois que je suis un privilégié : j'ai eu la chance de recevoir une éducation dans un pays développé comme le nôtre, d'avoir mon BAC à 18 ans, puis de suivre des études d'ingénieur pendant cinq ans et d'avoir mon diplôme en poche à l'âge de 23 ans. En théorie je n'ai aucune raison de me plaindre. En théorie, je ne devrais pas me plaindre"

"Et pourtant, pendant toutes ces années, quelque chose m'a un peu torturé l'esprit. Quelque chose me disait que cela ne tournait pas aussi rond que cela aurait dû."

Mathieu décrit alors certains principes de notre modèle éducatif que nous connaissons bien :

"On ne se connaît pas, et pourtant je suis prêt à parier que tous nous avons reçu une éducation basée sur le même modèle : Vous aviez un emploi du temps pour la semaine (...), vous entriez dans une salle de cours (...), et vous écoutiez votre professeur parler et vous enseigner tout ce qu'il sait. (...) Ce modèle d'éducation fait partie de nos vies. Il existe depuis très longtemps et il n'a pratiquement pas changé. (...)"

Et pourtant, ce modèle est il vraiment satisfaisant ?

"Peut-être que cela ne fonctionne pas aussi bien qu'on le voudrait parce que le système ne s'est pas adapté à nos nouveaux modes de vie, et à de nouvelles façons d'apprendre auxquelles nous aspirons."

"Je m'intéresse au système, et à ce que l'enfant peut prendre comme plaisir à aller à l'école et à apprendre de nouvelles chose. Si j'ai une conviction, c'est que nous aimons tous apprendre. Nous avons simplement oublié à quel point il est bon d'apprendre, parce que nous n'avons pas toujours eu les bonnes conditions."

Il explique ensuite qu'en 1998, il reçoit à Noël un livre sur la programmation HTML qu'il avait demandé à ses parents.

"Ce livre a eu le mérite de me mettre le pied à l'étrier, mais il m'a ouvert les yeux sur les problèmes et les faiblesses de nos modes d'éducation. J'ai lu ce livre, et la première fois... je n'y ai rien compris. L'auteur faisait des choses aberrantes : il utilisait des mots, et il les définissait 50 pages plus loin. Pourquoi ? Pourquoi avoir utilisé un langage abscons et des mots complexes pour m'apprendre à débuter ?"

"J'avais le sentiment que c'était quelque chose toujours réservé à une élite, inaccessible. J'ai été un peu frustré, mais j'ai tenu bon, et j'ai relu cet ouvrage, puis j'en ai acheter d'autres, mais j'ai eu à chaque fois le même sentiment que ces livres étaient destinés à une élite."

"Je me suis alors posé la question : Que puis-je faire pour ça ? J'avais des amis au collège qui voulait eux aussi apprendre à créer des sites web, et qui m'ont demandé quel livre je pouvais leur recommander. Faute de trouver un endroit à leur recommander, j'ai décidé de le créer.

Quand on dit que les meilleures idées de business viennent en cherchant à résoudre un problème qui n'a pas de réponse satisfaisante...

"On était en 1999, j'étais en 4ème au collège, et j'ai pris de mon temps libre, le soir, le week-end, pour créer mon premier site web, dont la mission serait d'expliquer aux autres comment créer des sites web. C'était une façon pour moi de m'entraîner, mais aussi d'apprendre à mes amis, de la façon dont j'aurais moi-même aimé apprendre."

"Je n'étais pas vraiment bon, mais j'ai bien fait de le faire, car j'ai eu une idée, et je l'ai produite. Cette idée, je lui ai donné vie."

Tous professeurs ?

"Les années ont passé, et j'ai continué à collaborer sur le site, à produire des cours sur des sujets qui me passionnaient (...) et le site lui-même a évolué. Quelques années plus tard, je me suis rendu compte que j'aimais écrire des cours, mais que parmi les nombreuses personnes qui venaient sur ce site, certaines aimeraient peut-être elles aussi écrire des cours. Nous avons donc fait évolué le site de façon à ce que chacun puisse à son tour devenir enseignant."

Pour Mathieu, pas besoin de diplôme ni de référence, juste de respecter l'état d'esprit du site : accessible, humain, empathique.

"Ce sont des choses qui ont créé toute une dynamique, un écosystème, une communauté, de personnes qui apprennent, et qui à leur tour rendent à la communauté en enseignant et en créant de nouveaux cours. Le site a grandi, et propose aujourd'hui plus de 850 cours en ligne accessibles gratuitement. Il est visité par 2.5 millions d'utilisateurs par mois, alors que nous n'avons jamais dépensé un seul centime de publicité."

"La plupart des gens ont peur d'apprendre quelque chose de nouveau parce qu'ils pensent qu'ils n'en sont pas capables. Dans nos cours, on estime que nous passons 25 à 30% de notre temps à rassurer le lecteur sur sa capacité à aller jusqu'au bout."

Note cher Internet joue bien sûr un rôle énorme dans cette conception du système éducatif :

"Quand on parle d'Internet, on pense souvent à un réseau d'ordinateurs interconnectés entre eux. Mais ses ordinateurs cachent des humains. Nous sommes face à un réseau d'humains qui souhaitent échanger avec leurs pairs, à prendre du plaisir à apprendre et à enseigner à leur tour (...) Nous avons récemment fait en sorte qu'au sein même d'un cours, les étudiants puissent se corriger entre eux (...) Des étudiants, qui ne connaissent a priori rien à un sujet, à qui l'on demande de corriger des devoirs faits par leurs collègues qui viennent d'apprendre le même cours qu'eux. Ce système n'est pas nouveau, mais à l'échelle d'Internet, il permet aujourd'hui de faire des choses extraordinaires. A l'heure à laquelle je vous parle, un marocain peut corriger un français, un français peut rédiger un cours en ligne qui va être lu par un canadien, ou un suisse, qui à son tour va proposer des exercices qui vont se faire corriger par toute une communauté de membres."

Nous avons tous un rôle à jouer

"Ce système fonctionne. Il ne demande qu'à grandir, et à pousser au-delà des portes du web, à entrer dans le monde de l'éducation, de l'enseignement, de l'université. C'est ce qu'on appelle aujourd'hui beaucoup dans les médias les MOOC, des cours en ligne ouverts et massifs".

"Il y a une vague de fond aujourd'hui qui lance un nouvel espoir pour l'éducation. Il ne faut pas perdre de vue que nous sommes acteurs de ce changement, que c'est à nous d'apprendre et à notre tour d'enseigner à nos collègues. On ne peut réussir un cours passionnant que si on en fait réellement une aventure, et on découvre avec joie le chemin que l'on a gravit en apprenant, en enseignant à son tour à nos pairs.

Ce plaisir que je rencontre chaque jour, je vous souhaite de le rencontrer à votre tour."

 

 


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Commentaires

Mahtieu Nebra m'a fait apprendre tellement de choses, ca fait plaisir de le voir dans un TEDx !

Portrait de Alain Ternaute

M@téo a beaucoup de mérite pour ce qu'il nous a donné. Mais pas seulement lui : nous sommes aussi redevables de la communauté qu'il a regroupé. Nous, et surtout lui.

Ces dernières années, Mathieu a fait une grosse erreur, accumulant un(e) certain(e) négligence / mépris (clair(e) et éhonté(e)) envers sa communauté. Résultat ? Le Site du Zéro est mort en accouchant d'OpenClassRooms : sa communauté est partie "dans des contrées plus chaleureuses, là où on fait pousser les clémentines". Elle a fait renaître le SDZ en un nouveau site : Zeste de Savoir. Et franchement, entre les deux sites, y-a pas photo...

Je me demande vraiment quelle mouche a piqué Mathieu...
Mais qu'est-il arrivé dans la tête à Mathieu ???

Portrait de coreight

J'ai suivi avec attention les polémiques qui ont animé une partie de la communauté du SdZ lors du lancement d'OpenClassRooms.
Je ne faisais pas partie de cette communauté très active qui rédigait / corrigait des tutos, qui faisait partie de la vie du site, aussi il m'est difficile de juger vu de l'extérieur.
Mais je peux aussi comprendre les décisions difficiles qu'à dû prendre Mathieu en tant que jeune entrepreneur, responsable d'une douzaine de salariés, dans un contexte extrêmement mouvant (dans le bon sens !) en ce qui concerne son coeur de métier, l'éducation par Internet.
Pour se développer à l'international, pour attirer de nouveaux utilisateurs, pour pouvoir plus tard proposer des certifications utiles aux travailleurs de demain qui auront étudiés sur son site, je n'ai pour ma part pas été vraiment surpris des bouleversements sur le SiteduZéro.
Mais je comprends parfaitement également que certains utilisateurs actifs aient mal vécus ces changements majeurs (surtout si, comme j'ai cru le comprendre, des erreurs de communication ont été faite). Alors qu'ils souhaitent se retrouver sur une nouvelle plateforme qui ressemblent plus au SdZ du début me semble une suite logique
Cela créé de la diversité, c'est plutôt positif en définitive.

Portrait de Alain Ternaute

Sûr, c'est bien la diversité. J'aime les Forks, mais il ne s'agit pas de ça je crois. Là c'est carrément une reprise suite à un abandon. C'est un petit peu dommage de laisser tomber son site encore en chantier (gros bugs dans les tutos et surtout le forum) avec sa communauté pour aller s'éparpiller à l'internationale... J'espère juste qu'il assure ses arrière et que celles-ci ne se résume pas à ce site laissé en plan qu'il est urgent de terminer (ce serait dommage de voir tout le monde partir sur ZDS).

Après, quelque chose m'échappe certainement : je ne sais pas trop ce qu'il en est de cette expansion. Je veux dire : je ne vois ça que de ma petite fenêtre.

Portrait de Grandasse

http://www.canalplus.fr/c-divertissement/c-le-petit-journal/pid7481-l-en...
On a quand même du retard par rapport à nos voisins Danois ! Leur discours est tout autre à propos de l'apprentissage (ou de l'éducation).
Bon après, c'est le petite journal...