De quelques dessins dans le métro à un art mondialement célèbre
Dernier article du lundi matin de ma petite série abordant la thématique artistique, après y avoir cherché des sources de motivation et avoir tenté de comprendre ce qui pouvait pousser les artistes à poursuivre leur travail dans un environnement rarement favorable.
J'aimerais aujourd'hui te donner quelques éléments en me penchant tout particulièrement sur le travail d'un artiste dont j'ai t'ai parlé récemment, Keith Haring (le site de sa fondation)
J'ai en effet profité d'un week-end sur Paris pour aller visiter l'exposition qui lui était consacré au Musée d'Art Moderne et au 104 (dépêche-toi si cela t'intéresse, ça se termine à la fin de la semaine !)
Pour te resituer un peu, Keith Haring était un artiste américain, à la fois dessinateur, peintre, et sculpteur, qui a vécu dans la deuxième partie du XXème siècle (1958-1990).
Ses oeuvres les plus célèbres te disent sans doute quelque chose, il faut dire qu'il fut très populaire à son époque et que l'on ne compte plus les produits dérivés en tout genre reprenant ses illustrations.
En tout cas, cette visite m'a inspiré quelques réflexions qui sont sans doute bonnes à prendre pour d'autres activités, même très éloignées de la thématique artistique.
On se détend tout de suite : je ne suis absolument pas un spécialiste en art, ce n'est en aucun cas une "analyse" de son travail, mais simplement quelques réflexions toutes personnelles, que l'on pourrait sans doute émettre sur beaucoup d'autres travaux. Ce n'est que l'exemple le plus récent que j'avais en tête.
Cette précision étant faite : qu'est-ce qui fait qu'un artiste comme lui a percé ? Certains diront simplement le talent, mais cette réponse n'est sans doute pas satisfaisante, nombre d'artistes talentueux ne sortant jamais de l'anonymat. Il y a peut-être quelques éléments à tirer parmi ceux-ci :
Avoir un style reconnaissable entre mille
La touche, le style, la marque de fabrique. K. Haring avait trouvé son inspiration dans un mélange de graffitis, d'art pré-inca, et sans doutes de multiples autres influences personnelles, pour en sortir son style particulier fait de répétitions de formes synthétiques, soulignés de traits noirs et remplis de couleurs vives (ou pas, selon les cas).
Peu importe les influences qui nous impactent, ce qui importe est d'en tirer l'inspiration permettant de nous forger notre propre personnalité.
Répéter inlassablement des thèmes et icônes
Un des constantes de l'oeuvre de Keith Haring, participant à son identité graphique forte, est la répétition des mêmes icônes et dessins, sous de multiples formes, mais immédiatement reconnaissables : personnages, chiens, bébés...
On pourrait établir un parallèle avec l'importance de se doter d'une marque, d'un logo, ou de tout autre élément de reconnaissance forte et surtout de la nécessité de les diffuser et de les répéter partout.
Produire beaucoup, partout
K. Haring a commencé à se faire connaître en réalisant des dessins à la craie sur des panneaux publicitaires du métro new-yorkais. Des milliers de croquis ont peu à peu envahis les couloirs souterrains, participant à la reconnaissance de l'artiste.
Très prolifique, il était capable de réaliser de nombreuses oeuvres par jour, sur de multiples supports.
La répétition inlassable de son art, et l'exposition sans retenue au monde sont sans doute deux autres caractéristiques à méditer.
Casser les conventions techniques...
En plus des couloirs du métro, une bonne partie de ses peintures étaient réalisées sur de simples bâches en plastique (cf. illustration ci-contre), avec pour seuls outils quelques bombes de peinture.
Pas de toiles, de pinceaux, et autres outils traditionnels.
Uniquement les outils les plus pratiques pour lui, avec lesquels il se sentait le plus à l'aise.
... mais aussi institutionnelles
Si certaines de ses oeuvres dénoncent les abus de la société de consommation, cela ne l'a pas empêché de créer des boutiques pour vendre des produits dérivés, les fameux pop-shop.
Cette démarche fortement critiquée à l'époque par le milieu artistique était pour lui une façon de désacraliser son art et de le rendre accessible au plus grand nombre.
S'engager personnellement dans la vie de son époque
K. Haring ne se contentait pas de dessiner des personnages sans signification, mais a pris position au cours de sa carrière sur des préoccupations le touchant particulièrement, comme la drogue, la société de consommation, le rapport au pouvoir et à l'argent, la lutte contre le SIDA...
S'inspirer de la communauté
Originaire de Pennsylvanie, il s'est rapidement rendu à New York et a commencé à fréquenter les milieux artistiques, et à rencontrer et collaborer avec des artistes comme Jean-Michel Basquiat, Andy Warhol (cf. photo), Madonna...
Ses échanges lui ont sans doute à la fois servi de sources d'inspirations mais cela a sans doute aussi contribué à la reconnaissance de son travail.
Aborder des thèmes universels et compréhensibles par tous
La naissance, la vie, la maladie, la mort... Chaque dessin avait une signification, que chacun est libre d'interpréter (la plupart de ses oeuvres ne possèdent d'ailleurs pas de titre), mais abordant des thèmes universels susceptibles de nous toucher tous.
A ce propos, il pensait que la télévision et l'informatique avaient une influence néfaste sur le développement de l'esprit. J'ose croire qu'il aurait peut-être changé d'avis sur l'un des deux s'il avait connu le développement d'Internet...
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